Une mère et son fils, à la tête d’un lieu de vie à Martrin, ont été condamnés mercredi 20 novembre à des peines de prison ferme pour des faits de maltraitance commis envers des enfants, entre 2010 et 2017. L’affaire avait été jugée le 19 septembre dernier.
Jetés et maintenus dans de l’eau gelée à l’extérieur, obligés de marcher durant des heures sans chaussures, de laver leurs draps eux-mêmes dans une rivière, de couper du bois en pleine nuit, à prendre des douches à l’eau froide en cas d’énurésie… Et on en passe et des meilleures ! Le 19 septembre dernier, une mère et son fils, famille d’accueil au lieu-dit « Les Tourettes », à Martrin dans le Sud-Aveyron, comparaissaient devant le tribunal pour tous ces actes de maltraitance, perpétrés entre 2010 et 2017 envers des enfants reconnus comme « vulnérables » (autisme, difficultés psychologiques, parcours difficiles…). L’audience avait duré de nombreuses heures, se terminant tard dans la soirée.
Peines aménageables
Deux mois plus tard, le jugement, mis en délibéré, est tombé : la mère de famille, à la tête du « lieu de vie » depuis 1986 et désormais à la retraite, a été condamnée à 24 mois de prison, dont six mois ferme ; le fils, trentenaire, a écopé d’une peine de douze mois, dont trois mois ferme. Et, bien entendu, tous deux ont désormais interdiction d’exercer une quelconque activité au contact de mineurs. À noter que ces peines sont aménageables et qu’il incombe dorénavant à un juge de la liberté et de la détention de statuer sur le placement en détention, ou pas, du duo, au casier vierge jusque-là…
Présents à l’énoncé du délibéré, mercredi 20 novembre en début d’après-midi, la mère et son fils ont accueilli le jugement sans aucune émotion particulière. À l’image des nombreuses heures de leur procès, en septembre dernier, où l’accusation n’avait pas hésité à les affubler du surnom des « Thénardier des temps modernes », faisant référence aux « Misérables » de Victor-Hugo.
Ce jour-là, les prévenus n’avaient semblé que peu prendre conscience des accusations pesant contre eux. Pis, ils s’étaient montrés arrogants à plusieurs reprises, obligeant la présidente Sylvia Descrozailles à les reprendre sans cesse ! Quant à leurs explications, elles avaient laissé sans voix bon nombre de personnes dans la salle d’audience.
« On ne se comporterait pas comme ça avec des animaux.
Extraits : « Ces enfants sont des délirants », « on les jetait dans les bacs d’eau froide à l’extérieur car c’était la seule solution pour les calmer », « les douches froides font partie d’une thérapie pour stopper l’énurésie des enfants », « on a fait avec les moyens du bord mais nos gestes se justifiaient »… Fanny Moles, assurant le rôle de procureur, ne l’avait pas entendu de cette oreille : « Ils n’ont pas élevé ces enfants, c’était du dressage. Même si on ne se comporterait pas comme cela avec des animaux… » Plusieurs des enfants, accompagnés de leurs tuteurs, étaient venus témoigner à la barre. Certains n’avaient pu retenir leurs larmes, d’autres leur colère. « J’espère qu’un jour quelqu’un sera aussi méchant avec eux qu’ils l’ont été avec moi », avait déclaré un jeune homme, âgé de 19 ans, passé par la famille d’accueil de Martrin quelques années auparavant. Le tribunal de Rodez l’a entendu. Même si concernant son cas, et celui de quatre autres enfants, les faits étaient… prescrits.
Mathieu ROUALDES - Centre Presse du 20 novembre 2019
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