« La tête basse et la voix difficilement audible, X. T. sait qu'il a fait «n'importe quoi», comme il le dit lui-même, ce qui lui vaut d'être entendu en comparution immédiate, hier, au tribunal correctionnel de Rodez. La veille, le dimanche 17 septembre, il a été contrôlé au volant de son véhicule, à Luc-La Primaube, alors que son permis de conduire a été annulé il y a 2 ans, et qu'il est en état d'ivresse, ce qui lui avait justement valu de perdre son précieux sésame en 2015. Manifestement X. T. a un problème d'addiction à l'alcool qui n'est toujours pas réglé et qui fait que, de temps en temps, quand ce charpentier ne travaille pas, il boit énormément, largement plus qu'il le faudrait.
Quelle est la marque de votre batterie ?
Ce jour-là, il a enchaîné bières et whiskies ce qui fait qu'on le contrôle avec 0,88 ml d'alcool par litre d'air expiré, soit 3 fois plus que le taux autorisé. X. T. est donc placé en garde à vue après la cellule de dégrisement Mais ce dernier, lors de son infraction, comme le fait remarquer le procureur de la République, Yves Delpérié, n'a pas perdu tous ses esprits puisqu'il a bien calculé de passer par des petites rues entre son domicile et celui de sa compagne pour éviter d'éventuels contrôles des forces de l'ordre. Pas de chance car les gendarmes sont positionnés sur l'itinéraire qu'il emprunte ce jour-là. à la barre, hier, le prévenu affirme que depuis 2 ans et l'annulation judiciaire de son permis, c'est la première fois qu'il reprend son véhicule pour transporter du matériel en les deux domiciles distants de même pas 1 km. Ce qui ne convainc pas du tout le procureur de la République qui lui demande ironiquement : «Donnez-nous la marque de votre batterie», sous-entendu une voiture dont le moteur n'a pas tourné depuis si longtemps ne démarre pas au quart de tour. «Je crois plutôt qu'il aurait conduit plusieurs fois», pense Yves Delpérié, avant d'ajouter, «ça ressemble à de l'habitude». L'avocate du prévenu, Cécilia Fraudet, tente d'expliquer l'addiction à l'alcool de son client, sa personnalité complexe et atypique, qui trouveraient leur cause dans le suicide de son père, gendarme, avec son arme de service.
Toujours est-il que le casier judiciaire de ce presque quarantenaire est déjà bien chargé avec usage de stupéfiants, violence avec port d'arme prohibé, refus d'obtempérer, violence sous l'emprise d'alcool, conduite sans permis et en état d'ivresse ce qui lui a valu des peines de prison dont la dernière, effectuée péniblement avec un bracelet électronique dont il n'acceptait pas les contraintes. «Pourquoi depuis tout ce temps-là n'a-t-il pas tenté de repasser son permis ?», se demande le procureur. Car X. T. avait en ligne de mire un contrat à durée indéterminée chez un ancien employeur qui aurait pu se concrétiser s'il recouvrait son permis de conduire.
Mandat de dépôt
De son côté, le SPIP (Service pénitentiaire d'insertion et de probation) fait remarquer dans un rapport que le prévenu est «peu enclin à respecter les soins et ne semble pas prêt à s'impliquer dans une mesure qui provoquerait trop de contraintes». Résultat le tribunal, par la voix de sa présidente Sylvia Descrozaille, prononce le mandat de dépôt demandé par le procureur de la République et condamne X. T. à 10 mois de prison dont 4 avec sursis et mise à l'épreuve pendant 2 ans ».
M.-Ch. Bessou
Source La Dépêche – 19 septembre 2017
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